• l'as-tu lu ?

    L'as tu lu ou ne l'as tu pas lu ?  Si tu ne l'as pas lu, lis cette rubrique, et peut-être le liras tu.

    Je l'ai lu, il m'a plu        

     

     

                                 

                    sur la route                       SUR LA ROUTE

            Un livre écrit en 1951 sur un rouleau de papier de 36 mètres de long  

             Le récit à 100 à l'heure des folles cavalcades à travers les Etats Unis.

             Un récit unique, un livre culte.

     

                                          ma mère, mon enfant 

                                                       MA MÈRE   MON  ENFANT

                    Deux témoignages d'écrivains qui parlent de leur mère.

                    Deux relations différentes mais le même amour.

     

     

     l'as-tu lu ?

                          BOUDDHAS ET RÔDEURS SUR LA ROUTE DE LA SOIE

                                                                                    chapitre 1

                Partis d''Europe, des archéologues vont s'enfoncer dans le désert

                du Takla-Makan en Chine . 

              Des milliers de km pour chercher les trésors des civilisation disparues.     

               Mais la grande histoire est faite de petites histoires,     

      

                        en voici une

                                                                                                                                                         

     
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    l'as tu lu ?

     

     

     

               

                             BOUDDHAS ET RÔDEURS SUR LA ROUTE DE LA SOIE

                                                       chapitre 2

    Les archéologues s'enfoncent toujours plus loin dans les déserts de Chine

    Les voici dans le désert de Gobi, en quête de nouveaux trésors. Mais comment se les approprier quand ces trésors sont bien gardés ?

                 

                                 mode d'emploi ...

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    l'as-tu lu ?

                 

                              

                                            LONGUE VIE, BONNE SANTÉ    

     

               Luigi CORNARO, l'auteur de ce petit livre vivait au 15ème  siècle. Il est mort à 95 ans quand la moyenne de vie, à l'époque était de 30 ans

     

    Il nous livre les secrets de sa longue vie.                                                            

                                

                                       LIRE L'ARTICLE                                                                     

         

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

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    jeune homme dans un cadre jeune homme dans un cadre titre de l'article

    Voici un personnage peu banal.
    Nous sommes au XVème siècle, à Padoue.
    Luigi Cornaro, jeune homme riche, mène ce qu'on appelle " la grande vie" : bonne chère, bons vins,
    fêtes joyeuses. La grande jouissance, quoi !
    Las ! À 37 ans le voila physiquement vieux.De faible constitution à la naissance, ses débordements le rendent gravement malade;
    la fièvre, la goutte, les organes décrépis.
    Le voici au bord du trou.
    Heureusement, Luigi est un homme intelligent et résolu. Il aime la vie, il veut vivre. Alors il change radicalement de comportement et, sans l'aide de médecin, il autocontrôle son alimentation. Les nourritures sont sélectionnées, les rations mesurées, les fréquences des repas strictement définies, et .... après un an de ce régime, il guérit de tous ses maux. La santé est revenue et avec elle la bonne humeur.
    Alléluia !
    Il suivra ce régime toute sa vie et pour en faire profiter "les autres", les jouisseurs, les intempérants, il publiera sa méthode à l'âge de 83 ans.
    Puis, il s'endormira, content, en bonne santé, à 95 ans.

    chapeau pointu

    serpentin

    séparateur

    Voyons maintenant la nature et les effets de sa méthode :

    1* SUR L'HOMME LUI-MÊME
    Luigi considère que l'homme ne peut avoir de meilleur médecin que lui-même.
    Lui seul sait ce qui lui convient en observant les effets de la nourriture qu'il ingurgite et que même après 50 ans, il peut retrouver la santé.

    "Or, parvenu à l'âge de quarante, cinquante ou soixante ans, l'homme, pour peu qu'il se soit étudié, connaît la qualité et quantité de mets et boissons qui lui conviennent". 2 docteurs






    2* SUR LA DURÉE DE VIE
    Même la personne de faible constitution de naissance peut vivre 80 ans si elle est raisonnable et mène une vie sobre. Il pense que la durée ordinaire de vie est de 100 ans et espère bien y parvenir.

    "Aussi je prétends que, bien que doué d'une faible complexion, un individu, s'il mène une vie réglée et sobre est plus sûr d'arriver à la vieillesse qu'un jeune homme parfaitement constitué qui vit dans le désordre."

    "Aussi la plupart meurent-ils avant d'atteindre 80 ans, au lieu de pousser jusqu'à 100 ans, terme ordinaire que la nature assigne à ses enfants."
    precepte2


    3* LES CAS EXCEPTIONNELS
    OUI ! Me direz-vous. Mais mon grand-père est mort à 90 ans en mangeant et buvant à satiété, Et en plus il fumait comme un sapeur. Cela ne perturbe pas Luigi qui a réponse à tout :

    "Sur cent mille individus il n'en nait pas plus d'un ainsi privilégié. Et le plus souvent, ces privilégiés de la nature tombent malades et succombent à leur maladie et que jamais il ne sont assurés de mourir sans maladie ou infirmité."

    Voilà ! Ils vivent vieux et malades, alors que lui vit vieux et en bonne santé. Là est toute la différence.

    4* SUR LA NOURRITURE
    Bon ! Tout cela est bien beau, me direz-vous, mais quel est son régime ? que mange t-il ? Que boit-il ?
    D'abord, il y a deux règles à respecter :
    "La première prescrit de ne pas manger de mets et de ne pas boire de vins contraires à son estomac."
    "La seconde veut que l'on mange seulement ce que l'estomac peut bien digérer".

    vieux mange



    et




    ". . . pour les digérer plus aisément il doit en faire quatre parts et ainsi manger quatre fois dans la journée"
    C'est clair.
    poivron tomates









    5* SUR QUE MANGER

    "Oui ! On a bien compris qu'il mangeait peu, mais quoi exactement ?
    "Voici quels sont mes aliments : pain, panade ou léger bouillon avec un œuf ou autres bons petits potages; en viande, chair de veau, de chevreau, de mouton, poulets, perdreaux, grives ou autre gibier; en poissons de mer ou de rivière, dorade, brochets ou autres. Tous ces mets conviennent à un vieillard"
    C'est déjà pas mal, c'est même beaucoup, mais en quelle quantité ?
    "12 onces (500 gr) d'aliments solides . . . et 14 onces ( ½ litre ) de vin"
    "Le vin, ce lait du vieillard"

    Quand même !
    Mais, dira-t-on, et les pauvres ? Ceux qui ne peuvent pas se payer toute cette nourriture et cette boisson.
    Luigi a réponse à tout :
    Il distingue le bon pauvre, honnête et travailleur du mauvais pauvre, malhonnête et qui ne travaille pas.
    Pour les bons pauvres :
    "Pour le pauvre, honnête homme, ne mangeât-il que du pain, de la panade et un œuf, il ne doit point dépasser la limite convenable à son estomac."
    Pour les autres : precepte3
    " On s'inquiète peu de ces misérables car leur triste situation ne résulte que de leur fainéantise, et le monde, souillé de leur présence, les aime mieux morts que vivants"

    Et toc !








    6* SUR LA MALADIE
    Pour justifier son choix de la sobriété, luigi a des arguments imparables :

    "Le vieillard peut-il craindre de mourir en mangeant très peu puisqu'en mangeant peu quand il est malade, il se rétablit aisément ?

    "La sobriété écarte toutes les causes de maladie, or la maladie ne se déclare pas sans cause; si donc la cause est écartée, la maladie ne sautait survenir"
    C.Q.F.D. vieux alité precepte4 precepte 5



    7* SUR LA MEDECINE ET LES CHARLATANS
    Luigi Cornaro se méfie des médecins :
    "Tout homme qui a passé 30 années doit être son propre médecin"

    docteur & patient



    Et encore plus des charlatans et alchimistes, nombreux à cette époque,
    qui proposaient des "élixirs de vie" :
    " Si les remèdes naturels et francs, comme la diète et la sobriété,
    sont impuissants à conserver la vie d'un vieillard, comment supposer
    qu'un moyen artificiel rende la jeunesse ?"


    ".S'il existait de pareils remèdes, les plus puissants personnages ne manqueraient pas de s'en servir, et dans les temps passés, les plus grands empereurs les auraient accueillis avec empressement." precepte6

    Au contraire, Quand Luigi vante son régime à un jeune médecin :
    "A ces paroles le jeune docteur ne répliqua rien sinon qu'il était résolu à embrasser la vie sobre pour faire dans le bien autant de progrès que moi."

    Luigi Cornaro : le "bourgeois gentilhomme" devenu "médecin malgré lui"

    8* SUR LES EFFETS DE LA BONNE SANTÉ

    Tout cela est bien beau, mais quels sont les avantages de vivre vieux ?
    "Alors, des basses et mesquines considérations de ce monde, l'homme s'élève avec plaisir aux belles et sublimes contemplations des choses divines."

    Mais, plus concrètement :
    "La sobriété purifie les sens; elle donne légèreté au corps, vivacité à l'intelligence, ténacité à la mémoire, souplesse aux mouvements, promptitude et régularité à l'action."
    precepte7
    Quand même ! Mais encore :

    vieillard

    "Là en effet où la raison règne, disparaissent la sensualité et ses fruits amers"
    "La pensée de la mort non plus n'a pas prise sur moi."
    "La mort de mes petits enfants et parents m'afflige pour un temps, mais ne saurait troubler l'égalité de mon humeur."
    "Les pertes d'argent me chagrinent encore moins."

    Mais un jour, il faudra bien mourir . . .
    "La mort prématurée ou non naturelle n'est pas possible"
    "Le temps détruit tout . . . et l'homme devra mourir d'une mort naturelle, exempte de maladie et de souffrance."


    La félicité totale quoi ! Pas de tristesse, pas de regret. Que du bonheur.

    9* SUR LES AVANTAGES DE LA VIEILLESSE
    precepte8

    < a href="http://ekladata.com/Vfe4BW1Pl25-yNbTbw60rCfYMkY/82-vieux-rit-5-3-3-png.png">vieillard

    Les honneurs arrivent souvent dans la dernière période de notre vie.
    Plus la vie est longue, plus la chance est grande d'être honoré.
    "..si l'un est cardinal, passé quatre-vingts ans il peut devenir pape; s'il appartient à une république, être appelé à la gouverner; s'il est un homme de lettres, recevoir comme un dieu sur la terre, les hommages du monde".

    Si vous n'entrez pas dans ces catégories, mangez                                           et buvez tout votre saoul.

    drapeaux

     Quand aux autres, qui mourront jeunes faute                                         de se soumettre aux règles de la tempérance, ce sera bien fait             pour eux et personne ne les regrettera.

    "Les hommes doués d'une belle intelligence doivent desirer beaucoup de vivre longtemps,
    mais qu'Il est peu regrettable que les autres ne le désirent pas puisqu'ils font vilaine figure dans le monde
    et qu'on perd médiocrement à leur mort"


    C'est le mot de la faim (!)

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     B O U D D H A S  E T  R Ô D E U R S    S U R    L A    R O U T E    D E    L A    S O I E 

    chap. 2 :  les manuscrits  de Touen-houang

     

      

     Dans ce deuxième chapitre, nous allons nous intéresser à un autre personnage chinois : Wang Yuan-lù appelé l'abbé Wang   Il tient une place essentielle dans le livre. 

    Touen-houang  est une ville de près de 200 000 habitants, dans le désert de Gobi. En 1900 ce n'était qu'une étape sur la route de la soie. La dernière ville avant la traversée du désert.

     

     

     Bouddhas et rôdeurs-chap. 2       

      A partir du IVème siècle, des moines bouddhistes commencèrent à y creuser des grottes et à les décorer de peintures pour en faire des lieux de prières.

     

    On les appelle :"les grottes des mille Bouddhas"

       fresque d'une grotte de Touen-houang

     

    Les voyageurs, de passage sur la route de la soie, faisaient également creuser et décorer des grottes, pour s'attirer les bonnes grâces du Bouddha.

     Le site est gigantesque. Plus de 1000 grottes furent ainsi creusées et décorées, sur une surface de 42 000 m². Dans une de ces grottes, les moines avaient construit une petite salle de 3m x 3m et, au fil du temps, y avaient entassé  des milliers de manuscrits.

    Puis, vers l'an 1000 la salle fut murée, le mur couvert de plâtre et peint.

    La petite salle aux manuscrits fut oubliée.

     

     

    L'abbé Wang était un prêtre taoïste, le gardien de ces temples. Il avait entrepris, avec peu de moyens, la restauration des peintures. En 1900, il découvrit accidentellement la fameuse petite salle aux 50 000 manuscrits, mais inconscient de leur valeur, il se contentait d'en offrir parfois aux responsables locaux et aux voyageurs de passage pour obtenir quelques aides pour ses restaurations.

    En 1904, les autorités chinoises ordonnèrent, pour préserver ces documents de murer de nouveau la petite salle et l'abbé Wang fut chargé de la garde de ces trésors.

    Mais il était trop tard.

    Des rumeurs circulaient déjà en occident sur l'existence de fabuleux manuscrits au delà du désert de Takla-Makan. Les explorateurs et les archéologues commencèrent à préparer leurs valises.

    Et c'est là que nous retrouvons notre "Gros malin", l'infatigable. Lui aussi se préparait. C'était sa deuxième expédition.

     

    Bouddhas et rôdeurs-chap. 2

                       

    Après avoir franchi un col à plus de 6000 mètres, parcouru des centaines de kilomètres dans les déserts, il arrive à Touen-Houang
    le 12 mars 1907.
     

     

    À une vingtaine de kilomètres se trouvent les grottes et l'abbé Wang, gardien du trésor.

    Mais, quand il arrive sur place, le prêtre est en voyage. Dans le mur qui fermait la grotte aux manuscrits, une porte, fermée à clef, avait été aménagée. Un autre prêtre, qui se trouvait là lui montre un manuscrit, un rouleau de 14 mètres écrit en chinois. L'excitation de "Gros malin" était à son comble. Pour remercier ce prêtre il ne lui donna qu'une petite pièce, ne voulant pas montrer son immense intérêt, mais ce petit présent avait plu au prêtre.

    En voilà un qui lui était acquis.

     

     Bouddhas et rôdeurs-chap. 2          

    L'abbé Wang arrive enfin.

     

    "C'était un personnage curieux, qui semblait extrêmement timide et inquiet ayant parfois une expression rusée qui était loin d'être encourageante" écrira "gros malin"

     

     

     "Gros malin" devait jouer serré pour obtenir ce qu'il voulait.

    Il ne lui parla pas des manuscrits : il était là, juste pour photographier les fresques.

    Des bruits circulaient que les autorités chinoises voulaient rapatrier tous les manuscrits. Il fallait faire vite, sans presser le gardien. Après quelques jours, il demanda à voir seulement les manuscrits et lui fit espérer qu'il pourrait l'aider financièrement à restaurer les fresques sur lesquelles il travaillait avec tant de zèle.

    Puis il demanda à voir son œuvre de restauration, ce que Wang accepta volontiers, heureux et fier que l'étranger s'intéresse à son travail.

    Comment se faire un grand ami du prêtre Wang ?

     

    Hsuan-Tsang était un moine bouddhiste chinois du  7ème siècle. Il avait voyagé de nombreuses années en Inde et vers l'occident, traduisant les textes bouddhiques anciens. Il écrira un livre remarquable sur ses voyages.

     

    "Gros malin" qui avait fait de sérieuses études, appris d'abord le grec et le latin, étudié le Sanscrit, l'ancienne langue indienne vouait une grande admiration pour ce moine. Quand il apprit que Hsuan-Tsang était le saint patron de l'abbé Wang, il comprit qu'il allait gagner. En effet le petit prêtre fut charmé et flatté d'apprendre que l'étranger ait la même vénération que lui pour son saint patron. "Gros malin" lui raconte alors que son voyage, il le fait sur les pas de Hsuan-Tsang, parcourant les mêmes lieux que lui, visitant les mêmes sanctuaires. L'abbé Wang était aux anges, (ce qui n'est pas banal pour un bouddhiste).

    Il emmena "Gros malin" dans les grottes, lui expliquant le sens des fresques.

    Une de ces fresques l'intéressa plus particulièrement. On y voyait Hsuan-Tsang traversant une rivière avec une mule chargée de manuscrits qu'il ramenait de l'Inde, pour les préserver.

    "Gros malin" pensa que c'était exactement ce que lui voulait faire : charger les manuscrits et les envoyer dans un musée, en occident.  

    Wang cependant hésitait encore. "Gros malin" attendait.

    Une nuit, Wang entre dans la tente de "Gros malin" et lui montre quelques rouleaux manuscrits qu'il avait extraits de la grotte. "Gros malin" retint son souffle pendant que Wang lui expliquait qu'il les emmenait pour les traduire. A l'aube, tout excité, Wang revient dans la tente de "gros malin" et lui confie que parmi ces rouleaux, il y en avait un de Hsuan-Tsang, lui-même.

    C'était un présage, un message divin.

    Le moine bouddhiste du VIème siècle avait ramené des manuscrits de l'Inde, pour les préserver, et "Gros malin" devait remporter les manuscrits vers l'occident, de là où ils étaient venus.

    La partie était gagnée.

    Quelques heures après, la porte était ouverte et "Gros malin" entrait dans la bibliothèque fabuleuse.

    Il fut bouleversé.

     

     Bouddhas et rôdeurs-chap. 2            Les manuscrits, en soie et en papier, étaient entassés jusqu'au plafond. Des dizaines de milliers de manuscrits. De plus, ils étaient en excellent état, comme neufs. La sécheresse du désert les avait préservés.

     

     

    Chaque nuit, l'abbé Wang apportait dans la tente de "Gros malin" des paquets de manuscrits. Il avait accepté de les céder en échange d'un don (130 livres sterling)

     

    "Gros malin" emporta 24 caisses contenant 20 000 manuscrits.          

                                

     Bouddhas et rôdeurs-chap. 2

     

    Pour la grande histoire, l'archéologue  français Paul Pelliot arriva à Touen-Houang quelques mois plus tard. Il accéda plus facilement que "Gros malin" à la grotte aux manuscrits. Connaissant parfaitement la langue chinoise (il parlait 13 langues), il prit le temps de sélectionner les meilleurs ouvrages et repartit avec 10 000 manuscrits qui sont actuellement à la Bibliothèque Nationale de France.

     

             Les principaux rôdeurs de ce livre sont : 

     

     Svein Hedin – suédois

    Archéologue et explorateur il fut le premier en 1899 à fouiller les citées ensablées du désert de Takla-Makan.

     

    Aurel Stein : britannique

    C'est lui le "Gros malin" Il entreprit plusieurs expéditions dans le désert de Takla-Makan en 1900, 1903, 1916 et 1930. Voyageur infatigable, il frôla plusieurs fois la mort. Dans la cordillère du Kun Lun entre la chine et l'inde il eut les pieds gelés. Il fut anobli.

     

    Albert Von le coq : Allemand

    Nommé provisoirement chef d'expédition en 1904, il ramena plus de 360 kg de fresques et de statues.

     

    Paul Pelliot : Français

    Il est né en 1878 et possédait un fort caractère. Il ramena des grottes de Touen-houang, outre les manuscrits, des peintures, des sculptures, des tissus et des figurines en bois et en terres cuites. Après son passage à Touen-houang, les chinois rapatrièrent le reste des manuscrits.

     

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    B O U D D H A S  E T  R Ô D E U R S    S U R    L A    R O U T E    D E    L A    S O I E 

    chapitre 1 : la combine 

     

                  Bouddhas et rôdeurs-1

        Le désert du Takla-Makan, le plus aride du monde.
        Entouré sur trois côtés par les montagnes de l'Himalaya,
        certaines de plus 
    de 5 000 mètres, et à l'est par le désert de Gobi.
        les températures varient de + 50° à – 40°.

            Pas un endroit pour passer ses vacances.      

     

    La route de la soie le contournait prudemment

     Ce désert était pourtant habité depuis la préhistoire. Tant qu'il y avait de l'eau il y avait des oasis. Et l'eau venait abondamment des glaciers voisins. Les dynasties se succédaient et les civilisations florissaient.

    Las ! Il arriva un temps où l'eau vint à manquer. Au IIIème siècle déjà ça diminuait. Les villes se vidaient au même rythme que les oasis s'asséchaient.

     Au Xème siècle il n'y avait plus d'eau et plus personne.

    Le désert était désert.

    Le sable recouvrit tout : les maisons, les palais, les temples, les bibliothèques.

    Des siècles passèrent dans le silence.

     

     

    Le livre de Peter Hopkirk  "Bouddhas et rôdeurs sur la route de la soie"  raconte l'histoire des premiers personnages, à la fois archéologues, explorateurs et aventuriers  qui dans des conditions épouvantablement difficiles ont ramené dans leurs pays des tonnes de "souvenirs" Un véritable pillage. Des milliers de manuscrits, certains vieux de mille ans, des tonnes de fresques découpées à la scie.

     Je ne raconterai pas, ici, le détail de ces folles fouilles, mais l'histoire ahurissante des manuscrits du désert du Takla-Makan.

     Une histoire dans l'histoire.

     

     Aux alentours du désert du Takla-Makan des légendes parlaient de villes englouties par les sables, de trésors cachés, mais aussi de malédictions pour ceux qui oseraient les chercher.

     A la fin du XIXème siècle quelques voyageurs commencent à s'aventurer dans ces parages et  ramènent quelques objets, notamment un manuscrit du Vème siècle, écrit dans une langue inconnue qui a excité l'intérêt des chercheurs. Une compétition s'engage alors entre les Anglais, les Russes et les Français, à qui obtiendra le plus d'antiquités sorties du désert du Takla-Makan.

       Bouddhas et rôdeurs-1  

            C'est là qu'intervient un marchand chinois local, qu'on appellera "P'tit malin" qui avait saisi toute l'importance 

                     que les antiquités du désert avaient pour les Européens, surtout les manuscrits.

             Il en trouvait, en fouillant les ruines des anciens villages et les revendait aux voyageurs de passage.

     

     

     Mais la demande était si importante qu'il n'arrivait plus à fournir. De plus chercher dans le désert était très fatiguant et dangereux. Alors, il eut l'idée de fabriquer lui même les manuscrits. Avec du papier local qu'il vieillissait au feu, il traçait des signes copiés sur d'autres manuscrits.

    Le marché était florissant.

    Il fut bientôt reconnu comme le principal fournisseur. Les commandes étaient si importantes qu'il passa à la vitesse supérieure. Au lieu de recopier à la main les anciennes écritures, il fabriqua des "tampons" en bois" avec lesquels il pouvait imprimer "des manuscrits anciens"

    De détaillant il devint grossiste.

     

    Le deuxième personnage est mi-britannique, mi-allemand. C'est un orientaliste et linguiste distingué. Le meilleur, le plus grand, un maître. Celui dont la parole vaut loi. Nous l'appellerons monsieur "Je sais". Quelle aubaine pour lui, tous ces manuscrits. Mais malgré tous ses efforts il n'arrivait pas à percer le secret de cette mystérieuse écriture.

    Pas étonnant puisque la majeure partie était des faux.

    Tellement faux que d'autres linguistes commencèrent à avoir des doutes sur leur authenticité. D'autant plus, que "P'tit malin", là bas, à l'orée  du désert s'était vite rendu compte que les européens ne savaient pas déchiffrer cette ancienne écriture et il se dit, dans sa tête de "P'tit malin" :
      -  " Pourquoi me fatiguer à fabriquer des tampons avec les signes de l'ancienne écriture ?"
    Et il fabriqua de nouveaux tampons avec des signes de son invention. N'importe quels signes, placés dans n'importe quel ordre.

    Le marché florissait de plus en plus.

    Là bas, en Europe, monsieur "Je sais" s'arrachait les cheveux. Quand il parvenait à commencer à trouver une cohérence dans la disposition des signes, PATATRAS ! De nouveaux rouleaux arrivaient qui bouleversaient toute sa théorie.

    Un vrai casse tête chinois.

      Alors que de plus en plus de voix s'élevaient pour mettre en doute l'authenticité des documents, monsieur "Je sais" mis fin à la querelle en déclarant péremptoirement et par écrit, que les manuscrits étaient AUTHENTIQUES.

    Fin de la discussion.

    Mais les "P'tit malin" finissent toujours par rencontrer des "Gros malin", plus malins qu'eux. Et "Gros malin" était justement en route vers le désert du Takla-Makan.

    Nous sommes en 1900

     Le troisième (et dernier) personnage  que nous appellerons "Gros malin" d'origine hongroise était anglais.  C'était à la fois un savant, un archéologue, un linguiste, un cartographe et un explorateur acharné. Son but était de fouiller systématiquement les citée ensablées du Takla-Makan  et de ramener le plus d'antiquités possible. Il voulait aussi vérifier l'authenticité (ou non) des documents fournis par "P'tit malin" En fait, malgré l'avis de monsieur "je sais" dont il était l'ami, il pensait que les manuscrits étaient faux. 

       

    Bouddhas et rôdeurs-1

     

         Il se mit donc en route, en partant de l'Inde. Il traversa la chaîne himalayenne,
        puis le désert du Takla-Makan pour arriver à Khotan, le village de "P'tit malin"

     

            Par la suite il poursuivra sa route jusqu'à Karadong.

          Des milliers de km à pied, à cheval ou à dos de mulet.

     

    Un peu avant d'arriver dans le village de "Pt'it malin", "Gros malin" commença son enquête.

    Il interrogea les autorités et les habitants. Résultat : les sites d'où "Pt"it main" prétendait avoir trouvé des manuscrits n'existaient pas.

    Premier indice.

    Mais peut être que "Pt'it malin" donnait de  faux renseignements sur les endroits où il trouvait des manuscrits pour protéger ses sources d'approvisionnement ....

    "Gros malin" arrive enfin à Khotan, le village de "Pt'it malin".  Mais "Pt'it malin" était absent.

                

    Bouddhas et rôdeurs-1

    Fresque rapportée par "Gros malin" 

    On distingue les parties coupées pour les transporter plus facilement. 

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

        

     

     

     

     

     

    En attendant son retour, "Gros malin" commença ses fouilles et découvrit des fresques, de nombreux manuscrits, des pièces de monnaie et des panneaux de bois.

     

     

     

     

     

     

     

     

        

     

     A fin de ses fouilles, il retourna dans le village de "P'tit" malin", bien décidé à le démasquer. Surtout que dans les manuscrits qu'il ramenait il n'y avait aucune écriture analogue aux caractères inventés par "P'tit" malin.

    Quand "Pt"it malin" revint dans son village, "Gros malin" l'attendait de pied ferme. Il lui montra un paquet de faux manuscrits qu'il avait trouvé dans sa maison, mais "P'tit malin" continua de nier. Ces manuscrits, dit-il, lui avaient été apportés par ses associés. Mais les soi-disant associés avaient quitté le village depuis longtemps ou étaient morts.    Lui, n'avait jamais fait de fouilles, jamais rapporté de manuscrits du désert.

    Alors "gros malin" lui montra un livre écrit par monsieur "Je sais".

     Dans ce livre, Monsieur "Je sais" rapportait une conversation entre "Pt'it malin" et un archéologue de passage, il y avait plusieurs années. Dans cette conversation, "Pt'it malin" racontait comment il fouillait les ruines des villages et en rapportait quantité de manuscrits....

     Pris à son propre piège, en flagrant délit de mensonge, "P'tit malin" avoua tout : la fabrication du papier, les tampons en bois, les fausses écritures.

     Preuve ultime, "Gros malin" découvrit un des fameux tampons qui avait servi à fabriquer les faux.

     Gros malin" n'engagea pas de poursuites contre "Pt'it malin" qu'il considérait comme "un homme d'une intelligence exceptionnelle, qui possédait un esprit vif et plein d'humour".

     La preuve, c'est que "P'tit malin" alla jusqu'à demandera à "Gros malin" de l'emmener avec lui en Angleterre.

     "Pt'it malin" restera dans son village et aura plus tard des démêlés avec les autorités chinoises.

                      

     Pour "Gros malin" il restait une situation délicate à régler : informer son ami "Je sais" que les manuscrits étaient faux et qu'il s'était lourdement trompé dans son jugement. Il lui fallait établir la vérité, sans humilier son ami. Et comment réagirait celui-ci ? Surtout qu'il finissait d'écrire son deuxième article sur la traduction des manuscrits.

      La rencontre entre les deux hommes fut amicale, mais monsieur "Je sais" fut complètement abasourdi par cette révélation. Heureusement pour lui il était respecté dans le monde des linguistes et aucun de ses confrères ne l'accablât. Au contraire tout fut fait pour minimiser l'information. Même dans le "journal de la royale société asiatique" il ne sera jamais fait mention de son erreur de jugement. Il vivra honoré et récompensé.

     C'était une époque où le respect avait plus d'importance que le profit

    Et, comme dans les contes de fées, "Gros Malin" fut  anobli par la reine d'Angleterre.

     

     

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    Deux témoignages d'écrivains qui parlent de leur mère.

    Deux relations différentes mais le même amour.

     

     

     

     

    TAHAR BEN JELLOUN   -     SUR MA MÈRE  -     2008

     

     

    Dans ce récit emplit d'amour pour sa mère, le romancier et poète Tahar Ben Jelloun écrit :

     

    "Depuis qu'elle est malade, ma mère est devenue une petite chose à la mémoire vacillante. Elle convoque les membres de sa famille morts depuis longtemps elle leur parle, s'étonne que sa mère ne lui rende pas visite, fait l'éloge de son petit frère qui toujours, dit elle, lui apporte des cadeaux. Ils défilent à son chevet et passent de longs moments ensemble. Je ne la contrarie pas, je ne les dérange pas.

    Ma mère revisite mon enfance, sa mémoire s'est renversée éparpillée sur le sol mouillé. Le temps et le réel ne s'entendent plus." 

     

    "J'ai donné à manger à ma mère. Ma mère, mon enfant. Une petite fille qui mange les yeux fermés et ma main tremble d'émotion. Prendre sa main, lui parler, lui raconter une histoire et attendre un signe des paupières ou des lèvres qui bougent à peine.

    Elle sourit et ferme les yeux." 

     "Quand nous avons la chance que notre mère nous accompagne au long de notre vie, vient le temps parfois
     où les relations s'inversent. Alors c'est l'enfant qui devient le parent de sa mère.

     

    Un fil de soie tendu entre deux êtres, un amour gratuit, simple et évident"

     

    "Ma mère, mon enfant".

     

     

     

     

                      separateur

     

     

     

    ROMAIN GARY   -    LA PROMESSE DE L'AUBE   -   1960     

     

    La promesse de l'aube est le titre de l'autobiographie de Roman Gary, un chant d'amour pour sa mère, empli de tendresse, d'humour de mélancolie et de détresse. 

    Il fait le récit de son enfance et de sa jeunesse auprès de sa mère, ancienne actrice russe portée par un amour et une foi inconditionnels en son fils. L'histoire, pleine d'humour et de tendresse, raconte la lutte sans trêve qu'elle mène contre l'adversité, l'énergie extravagante qu'elle déploie pour que son fils connaisse un destin grandiose et les efforts de Romain, qui est prêt à tout  pour faire coïncider sa vie « avec le rêve naïf de celle qu'il aime.

     

     Il écrira :

     "Il n'est pas bon d'être tellement aimé, si jeune, si tôt, ça vous donne de mauvaises habitudes"

     

    "Avec l'amour maternel la vie vous fait à l'aube une promesse qu'elle ne tient jamais"

     

    Cet amour débordant d'une mère pour son fils entraînera Romain Gary dans une histoire extravagante :

     En juin 40, après l'armistice, il quitte la France, rejoint de Gaulle en Angleterre et s'engage dans les forces aériennes françaises libres. Sa mère lui écrit de Nice :

     

    " Les premières lettres de ma mère m'étaient parvenues peu après mon arrivée en Angleterre. Elles étaient acheminées clandestinement par la Suisse d'où une amie de ma mère me les réexpédiait régulièrement. Jusqu'à mon retour à Nice, trois ans et six mois plus tard, jusqu'à la veille de mon retour à la maison, ces lettres, sans date, hors du temps devaient me suivre partout fidèlement. Pendant trois ans et demi j'ai été soutenu ainsi par un souffle et une volonté plus grands que la mienne et ce cordon ombilical communiquait à mon sang la vaillance d'un cœur mieux trempé que celui qui m'animait".
     

     Gary est blessé. Il reçoit la croix de la libération, la croix de guerre, la légion d'honneur, publie son premier livre "éducation européenne", fait avertir sa mère de son retour par l'intermédiaire de l'ambassade du Portugal.

     "Le débarquement venait d'avoir lieu, bientôt la guerre allait être terminée et on sentait dans les billets qui me parvenaient de Nice une sorte de joie et de sérénité comme si ma mère savait qu'elle touchait enfin au but. Il y avait même une sorte d'humour tendre que je ne comprenais pas très bien"

     

    Sa mère lui écrit :
     

    "Mon fils chéri voila bien des années que nous sommes séparés et j'espère que tu as pris maintenant l'habitude de ne pas me voir, car, enfin, je ne suis pas là pour toujours. Rappelle toi que je n'ai jamais douté de toi. J'espère que quand tu reviendras à la maison et que tu comprendras tout, tu me pardonneras. Je ne pouvais pas faire autrement"

     

    "Qu'avait-elle bien pu faire ? Que devais-je lui pardonner ? "

     

    Un peu plus tard, Romain Gary est de retour à Nice.

     

     

    "A l'hôtel pension Mermonts où je fis arrêter la Jeep, il n'y avait personne pour m'accueillir. On y avait vaguement entendu parler de ma mère mais on ne la connaissait pas. Mes amis étaient dispersés, il me fallut plusieurs heures pour connaître la vérité.

    Ma mère était morte trois ans et demi auparavant, quelques mois après mon départ pour l'Angleterre, mais elle savait bien que je ne pouvais pas tenir debout sans me sentir soutenu par elle et elle avait pris ses précautions. Au cours des derniers jours qui avaient précédé sa mort elle avait écrit près de deux cent cinquante lettres qu'elle avait fait parvenir à son amie en Suisse.

    Je ne devais pas savoir. Les lettres devaient m'être expédiées régulièrement. C'était cela sans doute qu'elle combinait avec amour lorsque j'avais saisi cette expression de ruse dans son regard à la clinique Saint Antoine où j'étais venu la voir pour la dernière fois. Je continuais donc à recevoir de ma mère la force et le courage qu'il me fallait pour persévérer alors qu'elle était morte depuis plus de trois ans. Le cordon ombilical avait continué de fonctionner."

     ma mere mn enfant

     

     

     

    Le livre est un chant d'amour à sa mère qui lui a donné naissance à Wilno aujourd'hui Vilnius, la capitale de la Lituanie qui était alors en Russie. Sa mère qui  émigre avec lui en France  où ils s'installeront à Nice en 1928 alors qu'il a quatorze ans.

    La promesse de l'aube se termine par cette extraordinaire preuve d'amour que lui donne sa mère, ce dialogue par delà la mort, cette présence qui le soutient durant les combats.

     

    Mais ce bouleversant hommage rendu à sa mère est une invention d'écrivain.

     

    La mère de Romain Gary est morte peu après son départ et Gary était tout à fait au courant de la maladie de sa mère. La scène d'adieu à l'hôpital de Nice correspond probablement à leur dernière rencontre et il a été informé de la mort de sa mère très rapidement à Londres. Sa mère n'a jamais écrit la moindre lettre posthume à lui envoyer. C'est une invention très émouvante et très habile d'écrivain. C'est la façon qu'il a trouvée pour continuer à faire fonctionner ce couple pendant la période de la guerre où non seulement ils étaient séparés, mais où de fait elle était irrémédiablement muette.

    La logique du romancier a prévalu sur la fidélité du biographe. Et ainsi le cordon ombilical a merveilleusement fonctionné entre mère et fils, mais dans l'autre sens. C'est le fils écrivain qui a maintenu en vie sa mère morte pendant toute la durée de la guerre, et non le contraire.

     

    Et il s'acquitte ainsi de sa dette envers elle en lui offrant quelques années de vie en plus.

     

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    Extrait de "la promesse de l'aube" sur France Inter dans l'émission "sur les épaules de Darwin"

     


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    BEAT GENERATION

     

    Jack Kerouac

    Ginger Baeley

    Justin Brierly

    Bob Burford

    William Burroughs

    Lucien Carr

    Neal Cassady

    Hal Chase

    Henri Cru

    Béatrice Franco

    Allen Ginsberg

    LuAnne Henderson

    Al Hinkle

    John Holmes

    Frank Jeffries

    Helene Mae Plaisant

    Edie Parker

    Carolyn Robinson

    Allan Temko

    Bill Tomson

    Edward White

     

    Le fantôme de Susquehanna

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

                                                                                      JACK   KEROUAC

     jack kerouac

     

     

     Le livre est écrit en 1951 sur un rouleau de papier de 36 mètres de long.

    Pendant trois semaines dans une sorte de transe, Jack Kerouac  reporte sur le papier ses dernières années de vagabondages, ses rencontres, ses émotions.

    Pas de paragraphe ni de retour à la ligne.
    le rouleau 

    Il ne sera publié qu'en 1957 après de nombreuses corrections.

     

    La version originale du rouleau est éditée dans la collection "folio" en 2010.

     

     

     

     

     

     Le livre rejette tous les tabous de la société  puritaine de l'époque.

    Il sera à l'origine de la   "BEAT GENERATION"  qui envahira la jeunesse américaine d'abord puis tout l'occident. Il évoluera par la suite en mouvement Hippie.

    BEAT peut être traduit par : battu, abattu, au bout du rouleau.

    Il entrainera derrière lui toute une génération étouffée par le conservatisme, une jeunesse avide de liberté, de paroles et de mœurs.

    Ces jeunes  partent sillonner les routes des USA et du monde entier. Ils rejettent tous les interdits, usent et abusent  de l'alcool, de la drogue et du sexe. Ce ne sont pas des délinquants, mais de grands enfants ivres d'espace et de liberté. Ils sont ou deviendront  écrivain, architecte, anthropologue etc...

     

     

     Le livre commence par :

    "J'ai rencontré Neal pas très longtemps après la mort de mon père..."

     Neal cassady

     

     

     

     

        Neal Cassady

     

     

     

                 Neal Cassady  sera le fil rouge de ce livre et de cette période de la vie de Jack Kerouac.

     

     En 1947 Jack Kerouac vit à New York avec sa mère. Il veut partir, n'importe où, mais partir, découvrir d'autres choses. L'argent ? Un minimum suffit. On verra au fur et à mesure. Se déplacer, rencontrer d'autres gens, faire la fête, et parler, parler pendant des heures, des jours, des nuits. Parler de ses rêves, de ce qu'on a fait, de ce qu'on veut faire.

     Jack Kerouac est à l'université de Columbia quand il lit des lettres que Neal Cassady a écrites à son ami Hal Chase, un autre étudiant, et quand Neal arrive à New-York, Kerouac se précipite chez lui. Neal Cassady venait de se marier avec LuAnne Anderson.

     Jack Kerouac parle de Neal Cassady et Allen Ginsberg, un autre étudiant :

    "Mais à l'époque ils dansaient dans la rue comme des ludions, et moi je trainais la patte derrière eux, comme je l'ai toujours fait quand les gens m'intéressent, parce que les seuls qui  m'intéressent sont les fous furieux du verbe, qui veulent tout à la fois, ceux qui ne baillent jamais, qui sont incapables de dire des banalités, mais qui flambent, qui flambent, qui flambent, jalonnant la nuit comme des cierges d'église."

     

      Quand Neal Cassady quitte New-York pour Denver, Jack Kerouac décide de partir sur la route, seul. Son premier départ.
       La destination : San Francisco.

     Son ami Henri Cru, vit là bas.

     

     

    Henri Cru

     

     

     

     

     

      Son premier roman  (Town and City) à moitié écrit, il prend  la route n°6, en faisant du stop. La route 6, c'est plus de 5 000 km, d'est en ouest, à travers 14 états. Mauvais départ. De retour à New York il repart en bus pour la première étape jusqu'à Chicago.

     

    Durant ce voyage, il s'ébahit de tout ce qu'il voit de nouveau. Des chauffeurs de poids lourds qui roulent à tombeau ouverts, l'odeur du maïs, le premier cow-boy, un vrai, les "rougelands", prairies à perte de vue, des indiens aux coiffes de plumes (des vrais ? des faux ?), les sommets enneigés des montagnes rocheuses ...

     Arrivé à Denver il prend contact avec son ami Hal Chase, qui l'héberge 1 nuit.

    Hal Chase vivait avec sa mère.

     

     

      Hal Chase

     

     

     

     

     

    "C'est un blond mince avec un visage de guérisseur" dit Jack Kerouac.

     

    207- Puis il retrouve   Allan Temko  avec qui il partage un appartement.

     

                         

     

     

     Allan Temko

     

     

     

     

                     "Un fâché avec la vie "  dira Jack  Kérouac

     

     A Denver, il fait  la connaissance de Bob Burford  qui deviendra un grand ami.

     

                               

     

     

        Bob Burford

                 

     

     

    "La mauvaise graine de la famille"

     

    Il retrouve aussi son ami  Allen GINSBERG.

     

     

          Allen Ginsberg

       Un poète américain, contestataire.

       Une icône du mouvement hippie.

     

     

     

     

     Le soir en se promenant dans la ville de Denver:

     

    "L'air était si doux, les étoiles si belles et si grandes, la promesse de toutes les ruelles pavées, je me croyais dans un rêve"

     

    Quand il apprend que Neal Cassady est à Denver il se rend chez lui :

     

    Neal Cassady        

     

     

     

           Neal Cassady

     

     

     

     

     

     

    Le meilleur ami de Jack Kérouac. Le modèle du mouvement Beat.

     

    "C'était une vieille bâtisse de briques rouges, entourée de garages en bois avec de vieux arbres qui pointaient la tête par-dessus la palissade"

    "Neal m'a ouvert, nu comme un ver"

     Et la fête commence, avec la tournée des bars, les rencontres avec les filles. Ivres d'alcool et de plaisir.

      Dans un bar  il fait  la rencontre de Justin brierly.

     

     Justin Brierly   

     

        Justin Brierly 

         Éducateur et avocat. Il aida beaucoup Neal Cassady lors de ses démêlés avec la justice .

     

     

     

    "La foule des spectateurs s'entassait dans les bars, du comptoir jusqu'au mur" 

    "Justin W. Brierly serrait la main à tout le monde en disant : 'Bonjour, ça va, cet après midi ?' et quand il a été minuit : 'Bonjour, ça va, vous, cet après midi?"

      

    Kerouac dit de Brierly :

     "Il n'était pas ivre d'alcool mais de son plaisir majeur : voir des milliers de gens aller et venir sous sa direction à lui, le Maestro de la Danse Macabre"

     

    Même pendant ces beuveries, Jack rêve :

     

    "On entendit hurler de rire de tous les côtés. Je me demandais bien ce qu'en pensait l'Esprit de la Montagne, et, en levant les yeux, j'ai vu les pins sous la lune, les fantômes des vieux mineurs et ça m'a laissé rêveur. Sur toute la paroi est du Divide, cette nuit là, c'était le silence, et le murmure du vent, sauf dans le ravin qui retentissait de nos braillements"

     

    A ce moment il décide de poursuivre sa route vers San Francisco.

     

    "En Amérique, les garçons et les filles ont des rapports si tristes; l'évolution des mœurs les oblige à coucher ensemble tout de suite, sans avoir parlé comme il faut. Non pas parlé-baratiné, mais parler vrai, du fond de l'âme, parce que la vie est sacrée, et chaque instant précieux.

     

    Il part en bus.

    "J'ai déambulé comme un fantôme hagard, et je l'ai rencontrée, cette Frisco, ses longues rues lugubres, les câbles du tramway dans ses bandelettes de brouillard et de blanc"

     

    Il retrouve Henri Cru :

     "C'était un français, un gars de vingt ans, grand brun sexy, genre marseillais qui fait du marché noir."

     

    Puis les relations s'enveniment entre  Henri Cru et Diane, sa petite amie. Le manque d'argent, le manque de projets. Puis c'est la rupture entre Jack Kerouac et Henri Cru, quand le père d'Henri, professeur de français leur rend visite. Henri Cru veut se montrer à son avantage devant son père, mais Jack Kerouac, complètement bourré fait tourner la soirée en cauchemar. 

     

    "Henri ne m'adressera plus la parole, ce qui est affreux, parce que je l'aimais beaucoup et que j'étais une des rares personnes à savoir à quel point il était  authentique et généreux. Il allait lui falloir des années pour s'en remettre."

     

    Après avoir escaladé la montagne qui borde San Francisco et fait le point sur sa vie et ses rêves, il part, furtivement. Son premier objectif : Hollywood (quartier de Los Angeles)

     

    Il arrive à Fresno, patrie de l'écrivain Américano-arménien William Saroyan.

     

    "Je suis allé prendre un coca vite fait dans une petite épicerie le long des voies, et voilà qu'entre un jeune Arménien mélancolique, le long des wagons de marchandises rouges, et juste à ce moment-là on entend hurler une loco. Bien sûr, je me dis, c'est la ville de Saroyan. Où est-il parti ce Mourad? Vers quels ténèbres, quels rêves de Fresno?

     

     Puis enfin, à Los Angeles :

     

    "Nous sommes descendus du car dans Main Street, on aurait pu être dans n'importe quelle ville , Kansas City, Chicago, Boston, briques rouges, crasse, types locaux qui traînent, tramways qui grincent dans l'aube, odeur putassière de la grande ville"

     

     "L.A.  est la plus solitaire, la plus brutale de toutes les villes américaines."

    "les trottoirs grouillaient  d'individus les plus Beat du pays."

     

    Puis il remonte au nord,  à Bakersfield en compagnie de Béatrice Franco, une petite mexicaine rencontrée quelques jours plus tôt.

    Il passe la nuit avec elle, dans la gare, au milieu des trains de marchandises, au milieu des caisses :

     

    "Ah, la belle nuit à serrer sa chérie dans ses bras, à parler, à gicler, en partance pour le paradis. Tout ça, on n'y a pas manqué."

     

    Puis ils retournent à  Fresno où il cueille le coton :

     

    "J'avais la tête pleine de cette chanson grandiose  'Lover Man', telle que Billie Holiday la chante."

     

    Someday we'll meet,
    and you'll dry all my tears,
    and whisper sweet,
    little words in my ear,
    huggin' an kissin'
    Oh what we've been missing'
    Lover Gal Oh where can you bed

     

    "Un jour on va se rencontrer,
    Et tu sécheras mes larmes,
    En me chuchotant à l'oreille
    Des petits mots doux,
    Avec des baisers,
    Serré fort contre toi.
    Ah! Tout ce qu'on rate,
    Poupée d'amour où es-tu ?"

     

    A bout de force, sans argent, il décide alors de rentrer à New York. Il repasse par Hollywood :

     

    "Quelqu'un avait incliné le flipper de l'Amérique, et tous les dingues dégringolaient comme des boules sur L.A. dans l'angle sud-ouest. J'ai pleuré sur nous tous. Tristesse de l'Amérique, folie de l'Amérique : sans fond."

     

    Il quitte la Californie en car, traverse l'Arizona, le Nouveau Mexique, le Texas, l'Oklahoma, le Kansas, le Missouri, l'Illinois, l'Indiana, l'Ohio, la Pennsylvanie.

    Il quitte Pittsburgh et  passe par Harrisburg où il évoque    le fantôme de Susquehanna   

     

    A Harrisburg, à 250 km de New-York

     

    "La nuit passée à Harrisburg m'a donné une idée des tourments des damnés, pas connu pire depuis. Il m'a fallu dormir sur un banc dans la gare; à l'aube les receveurs m'ont jeté dehors. Car, n'est-ce pas, on entre dans la vie, mignon bambin confiant sous le toit de son père. Puis vient le jour des révélations de l'Apocalypse, où l'on comprend qu'on est maudit, et misérable et pauvre, et aveugle, et nu, et alors, fantôme funeste et dolent, il ne reste qu'à traverser le cauchemar de cette vie en claquant des dents. Je suis sorti chancelant, égaré. Je ne savais plus ce que je faisais. Je ne voyais du matin qu'une blancheur de linceul. Je mourrais littéralement de faim. Pour trouver des calories, il ne me restait que quelques pastilles contre la toux, achetées à Preston, dans le Nebraska, des mois auparavant, je les ai sucées, à cause du sucre. Je ne savais pas faire la manche. Les jambes flageolantes, à bout de forces, j'ai eu bien du mal à me traîner aux limites de la ville. Je savais que je me ferai arrêter si je passais une nuit de plus sur place. Maudite cité !"

     

     Enfin il arrive à New-York

     

     "D'un seul coup je me suis retrouvé dans Time-Square. J'avais fait un aller et retour de douze mille bornes sur le continent américain et je me retrouvais dans Times Square; et en pleine heure de pointe, en plus, si bien que mon regard innocent, mon regard de routard, m'a fait voir la folie, la frénésie absolue de cette foire d'empoigne, où des millions et des millions de New-Yorkais se disputent le moindre dollar, une vie à gratter, prendre, donner, soupirer, mourir, tout ça pour un enterrement de première classe dans ces abominables villes mouroirs, au-delà de Long Island. Les hautes tours du pays, l'autre bout du pays, le lieu où naît l'Amérique de papier."

     

    En 1948 il termine son livre et s'inscrit à la faculté.

     

    Puis arrivent Neal Cassady et Al Hinkle.

     

     

    Hal Hnkle  

     

        Hal Hinkle

     

     

     

     Pour payer le voyage, Al Hinkle avait accepté d'épouser Helen Argee qui prendra les frais en charge. Ils l'abandonneront à Tucson (Arizona) quand elle n'aura plus d'argent.

     

    Jack Kerouac parle de  Neal Cassady :  "Mon Dieu, comme il a changé! Ses yeux crachaient des éclairs de fureur quand il parlait de quelque chose qu'il détestait, et ils s'illuminaient d'une grand joie quand le bonheur lui revenait; tous ses muscles tressaillaient de vie et d'élan."

     

    Arrivés à New York, c'est la période Noël–Nouvel An et toute la bande fait la fête, folle,  jours et nuits chez les amis de Jack Kerouac.

     

    Jack Kerouac en parlant de sa mère qui l'a toujours soutenu, moralement et financièrement :

    "Elle m'a dit un jour que le monde ne trouverait pas la paix tant que les hommes ne se jetteraient pas aux genoux  de leur femme pour lui demander pardon."

     

    " La seule chose qu'on souhaite ardemment, tous les jours de sa vie, celle qui nous fait soupirer, gémir, éprouver toutes sortes de bouffées de douceur  écœurante, c'est le souvenir de la béatitude perdue qu'on a dû connaître dans le ventre maternel, et qui ne peut se retrouver – mais on ne veut pas l'admettre – que dans la mort"

     

     Puis c'est un nouveau départ en voiture de Jack Kerouac, Neal Cassady et son épouse LuAnne Anderson vers la Californie. Avec un détour par New Orléans pour déposer Al Hinkle qui doit retrouver son épouse, hébergée par William Burroughs.

     

    Sur la route de la Nouvelle Orleans il évoque :   " La pureté de la route"

     

    LA CAROLINE DU NORD

     

    "Tout à coup le pays nous apparaissait, à lui comme à moi, comme une huitre à gober. La perle était à l'intérieur, elle était là."

     

    LA GEORGIE

     "Quinze bornes plus loin, Neal a coupé le moteur pour entrer dans une station-service, il a vu que le pompiste dormait, il est sorti prestement, il a fait le plein sans bruit, en prenant garde de ne pas déclencher la cloche, et il a filé à l'anglaise avec un plein de cinq dollars pour notre pèlerinage."

    LA FLORIDE

    L'ALABAMA

    LA LOUISIANE : New-Orleans,

     

    "On a vu s'annoncer la Nouvelle Orleans dans la nuit qui nous attendait : la joie. Neal a caressé son volant :"Alors là, ça va être le pied." Au crépuscule, nous arrivions dans les rues bourdonnantes. "Oh, sentez-moi les gens!" s'est écrié Neal qui passait la tête par la portière pour mieux humer la ville. "Ah Bon Dieu quelle vie!"

     Ils arrivent chez William Burroughs.

     

     William Burroughs

     

     

         William Burrough

     

     

     

    Ils sont reçus par Joan Vollmer Adams, la femme de Burroughs.

     

     "A la fin je suis parti me promener tout seul sur les levées de terre. Je voulais m'asseoir sur la rive boueuse pour m'imprégner du Mississippi. Mais j'ai dû me contenter de regarder derrière un grillage, le nez collé dessus. Quand on se met à séparer les gens de leurs fleuves, qu'est-ce qui reste ?"

    Puis c'est de nouveau la route.

    LE TEXAS

    LE NOUVEAU MEXIQUE

    L'ARIZONA

    Enfin San Francisco, LA CALIFORNIE

     

    "Les immeubles du centre brillaient de tous leurs feux. (Ça faisait penser à Sam Spade*). Le brouillard déferlait, les bouées s'ébrouaient dans la baie. Market Street grouillait de monde et de matelots; odeur de hot-dog, de bouffe; bars bruyants; crissements de frein dans la circulation – le tout dans une brise délicieuse qui nous a tourné la tête quand on est descendu de voiture dans O'Farell Street, nez au vent, étirant nos carcasses, chancelant comme le voyageur au long cours qui sent encore la rue chanceler sous son pas."

     

    *  Sam Spade : personnage du roman 'le faucon maltais' interprété au cinéma par Humphrey Bogart.

     

    "On avait pas d'argent; Neal s'était bien gardé d'aborder le sujet. "Où on va crécher?" On a déambulé au fil des rues étroites et romantiques, en trimbalant nos hardes dans un balluchon."

     

     "Et l'espace d'un instant, j'ai atteint le point d'extase que j'avais toujours appelé de mes vœux, le saut absolu par-dessus le temps des pendules, jusqu'aux ombres intemporelles, et le désarroi dans la misère du royaume mortel, avec la sensation de devoir avancer talonné par la mort, fantôme traqué par lui-même, dans ma course vers un tremplin d'où s'élançaient les anges de l'infini. Tel était mon état d'esprit. Je croyais que l'allais passer d'un instant à l'autre"

     

    Il va voir le spectacle de Slim Gaillard, chanteur et compositeur de jazz américain et décide de rentrer chez lui à New-York.

     

     "J'ai reçu mon nouveau chèque de l'armée, et j'ai fait mes préparatifs pour rentrer chez moi. Ce que m'avait rapporté cette virée, je n'en sais rien. Carolyn avait hâte que je m'en aille; que je parte ou que je reste, Neal s'en fichait pas mal."

    "C'était la fin, je voulais me tirer. A l'aube je suis monté dans le car de new York, et j'ai dit au revoir à Neal  et LuAnne. Ils voulaient que je partage mes sandwichs avec eux, mais j'ai dit non. On s'est fait la gueule. On se disait tous qu'on ne se reverrait jamais, et on s'en fichait. Voila tout.

     

     Il apprend que ses amis s' embarquent sur le Queen-Mary, en partance pour la France; il y a John Holmes,   Ed Stringham,   Ed White                

         Bob Burford, Frank JeffriesAllen GinsbergHal Chase et Lucien Carr.

     

    Ne pouvant les suivre il décide de repartir à San Francisco.

     "Une fois de plus, je voulais aller à San Francisco. Tout le monde veut y aller, et pourquoi faire ? Au nom du ciel et des étoiles, pourquoi faire ? Pour la joie, le pied, pour cet éclat dans la nuit."

     

    A San Francisco il retrouve Neal Cassady et Carolyn son épouse qui attendait son 2ème enfant.

     

    Jack parle avec enthousiasme de préparer un voyage en Italie. Neal le regarde, incrédule.

     

     "Notre amitié a sans doute franchi une étape décisive quand il a compris que j'avais passé des heures à penser à lui; il essayait d'intégrer cette donnée dans ses catégories mentales si perturbées, si emberlificotées. Le déclic s'est fait dans son âme et dans la mienne"

     

    Là, il demande à son ami Bill Tomson d'être leur chauffeur pendant leur virée.

     

     Après deux soirées de beuveries et de musique Jack et Neal  repartent pour new York.

     

    A Denver, ils se fâchent, pour une broutille

     

    NC: "Je pleurai"

    JK : "Toi ? Tu pleures jamais."

    NC : "Ah bon ? Qu'est ce qui te fait dire ça ?"

    JK :"Tu meurs pas assez pour pleurer."

     

     "Dès que je me suis retrouvé tout seul avec Brierly et Burmeister, -un grand étudiant aux cheveux frisés qui détestait Neal- ils se sont mis à disséquer Neal, et à me demander pourquoi je m'encombrais  d'un type pareil. "Je trouve que c'est un gars génial. Je sais ce que vous allez me dire. Vous savez que j'ai essayé de résoudre les problèmes de ma famille."Je ne savais pas quoi dire. J'avais envie de pleurer.  C'est vrai, merde, il faut toujours s’expliquer sur ce qu'on fait, sur ce qu'on dit."

     

    Puis c'est le départ en catastrophe de Denver, suite à une affaire de voitures volées par Neal Cassady.
    Ils arrivent à Chicago.

    "Tout à coup nous étions dans Madison Street parmi des hordes de vagabonds, certains répandus sur le trottoir, leurs pieds dans le caniveau, et des centaines d'autres qui allaient et venaient sur le seuil des bars et dans les ruelles"

     

    Il entend jouer Lester Young, (dit Prez), saxophoniste qui révolutionnera la musique Jazz par ses improvisations.

    Puis Georges Shearing, célèbre pianiste aveugle qui mourut à 91 ans.

     

    "Il a joué des chorus innombrables, truffés d'accords stupéfiants, qui montaient de plus en plus, tant et si bien que le piano était éclaboussé de sueur, et que tout le monde écoutait, sidéré, interdit."

     

    Ils arrivent à Détroit

    "Neal a secoué la tête, tout triste "C'est pas chouette par ici, mec, c'est vraiment une ville de merde" Et c'est vrai que Détroit est une des villes les plus nulles d'Amérique. Des kilomètres et des kilomètres d'usines, et le centre ville pas plus grand que Troy dans l'état de New York, sauf que la population se chiffre par millions. Et partout c'est le fric, le fric, le fric."

     

    "Si on avait passé Détroit au crible, on aurait obtenu un bel échantillon de la lie de la société"

     

     Après avoir passé une nuit dans un cinéma permanent, faute de pouvoir se payer une chambre :

    "Quand les voilages gris d'une aube-fantôme sont venus bouffer aux fenêtres du cinéma et s'accrocher aux tuiles tu toit, je dormais sur le bras d'un fauteuil; six employés convergeaient avec la somme totale des déchets de la nuit pour en faire un énorme tas m'arrivant jusque sous les narines – je ronflais face au sol – et ils ont bien failli me balayer avec. C'est Neal qui me l'a raconté, il regardait la scène, dix rangées derrière moi. Tous les mégots, toutes les bouteilles, les boites d'allumettes vides, tout le ressac de la nuit venait grossir ce tas. S'ils m'avaient emporté avec, Neal ne m'aurait jamais revu. Il lui aurait fallu sillonner les Etats Unis, d'une côte à l'autre, et faire toutes les poubelles, avant de me retrouver recroquevillé en position fœtale dans les  déchets de ma vie, de la sienne et toutes celles en rapport, voir celles sans aucun rapport. Et qu'est ce que je lui aurais dit, depuis ma poubelle matricielle ? "Fous moi la paix, je suis très bien où je suis. De quel droit viens-tu perturber ma rêverie dans ce vomitoire"

     

    "C'était la fin. Il ne nous restait plus que le désespoir."

     

    Arrivé à New York, Jack Kerouac n'a bientôt plus qu'une envie : repartir.

      ".. ensuite le fait que  lorsque le printemps arrive à New York, je suis incapable de résister à l'appel de la terre, qui me parvient depuis le New Jersey, sur les ailes du vent; il faut que je parte."

     

     Il part en car.

    D'abord la Virginie, Washington, Charleston, le Kentucky, l'Indiana, le Montana, le Missouri, le Kansas, le Colorado

    A Denver, ils  retrouve Ed White  et  Frank Jeffries

     

    Puis  Neal Cassady arrive à Denver pour participer au voyage au Mexique. Nous sommes en 1950.

     

    Ils partent à trois : Jack Kerouac Neal Cassady et Franck Jeffries

     

    "Et Denver s'est éloignée, derrière nous, cité de sel, ses fumées délitées dans l'atmosphère, dissoutes à nos regards."

     A San Antonio, la porte du Mexique

     "Pendant ce temps là, Neal et moi on est allé explorer les rues de San Antonio-du-Mexique La nuit était douce et parfumée à ne pas croire, et noire, et mystérieuse, effervescente. Des silhouettes de filles en bandana blanc surgissaient de l'obscurité. Neal avançait à pas de loup, sans mot dire. "Ah, c'est trop beau pour tenter quoi que ce soit!", il a chuchoté."Avançons sans bruit, ne perdons rien du spectacle."

     Ils entrent au Mexique

    "On l'avait enfin trouvé le pays magique, au bout de la route, et sa magie dépassait de loin toutes nos espérances."

     

     Neal Cassady :

    "Il est maintenant possible de ne plus penser à rien d'autre, et d'avancer, le menton levé comme ça, tu vois, pour comprendre le monde comme, à vrai dire, les autres Américains n'ont pas su le faire avant nous..."

     

     "Waow ! s'est écrié Neal. Et tout ça au soleil. T'as vu ce soleil mexicain, Jack ? Il te défonce. Whaou ! Je veux continuer comme ça ... c'est la route qui me conduit."

     

    A Victoria, la fête commence

    "Je voyais des flots d'or ruisseler du ciel, je sentais la présence de Dieu dans la lumière, autour de la voiture, dans les rues chaudes et ensoleillées. En regardant par la vitre, j'ai vu une femme sur le pas de sa porte, et je me suis dit qu'elle écoutait toutes nos paroles et acquiesçait pour elle-même – paranoïa du fumeur d'herbe"

     

    Dans le bordel de Victoria

     "Je tentais de me dégager pour m'approcher d'une mulâtresse de seize ans, qui inspectait son nombril d'un air sinistre par l'échancrure de sa robe légère, à l'autre bout de la piste de danse. Franck avait une fille de quinze ans au teint d'amande, avec une robe dont les boutons du haut comme ceux du bas étaient ouverts. De la folie. Il y avait bien une vingtaine d'hommes accoudés à la fenêtre pour nous regarder."

     

    A Limon, village après Victoria, dans une chaleur étouffante ils essayent de dormir :

     

    "Allongé sur le toit de la  voiture, visage plongé dans le ciel noir, je me faisais l'effet d'être enfermé dans un coffre par une nuit d'été. Pour la première fois de ma vie, l'air du temps n'était pas quelque chose qui me touchait, me caressait, me glaçait ou me mettait en nage, mais se fondait en moi."

     

     Ils arrivent à  Mexico

     Mexico

                           MEXICO  Paseo de la reforma  -  artère principale

     

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    Le tapuscrit de Jack Kerouac s'arrête là. Il en manque 1 mètre. Il été détruit par un chien, le chien de Lucien Carr.

    Cette partie a été reconstituée par Howard Cunnell  à partir des versions écrites par Kerouac après 1951

    (Howard Cunnell est l'éditeur du rouleau)

     

     

    A Mexico, Jack Kerouac tombe malade :

     

    "Et oui j'ai attrapé une fièvre, je me suis mis à délirer, j'ai perdu connaissance. En levant les yeux du maelström, noir de mon cerveau, j'ai compris que je me trouvais dans un lit à trois mille mètres d'altitude, sur le toit du monde, j'ai compris  que j'avais vécu une vie complète et bien d'autres dans la pauvre gangue atomisée de mon corps, et que j'avais fait tous les rêves."

     

     Et  Neal Cassady repart à New York, seul.

     

    Jack Kerouac rentrera  à New York. Il  épousera Joan Haverty.

    Il retrouvera Neal Cassady, venu le voir à New York, quelques jours. Puis Neal repartira à San Francisco, rejoindre  Carolyn Robinson  sa deuxième épouse dont il est divorcé.

     

      Le livre se termine par ces mots de Jack Kerouac

     

                                                                     "Je pense à Neal Cassady, je pense à Neal Cassady."

      

     

                 banniere-2

                  

     

     

    Jack Kerouac se mariera trois fois :

    - La première fois, il épousera Edie Parker  qu'il quittera deux mois plus tard.

     

      Edie parker

     

     

       Edie Parker

     

     

     

     

     

     

    - La deuxième fois, en 1951, il épousera Joan Harverty. Ce mariage ne durera guère plus longtemps que le premier puisque six mois

     

    Joan haverty 

     

     

       Joan haverty

     

     

     

    plus tard, ils se quitteront. Janet Michelle (Jan), sa fille, est issue de ce second mariage, née le 16 février 1952, mais Kerouac ne la reconnaîtra jamais vraiment. elle suit les traces de son père et devient écrivaine. Elle publie deux volumes, Baby Driver en 1981 et Trainsongs en 1988. Elle décède en 1996 à l’âge de 44 ans alors qu’elle travaillait sur son troisième volume intitulé Parrot Fever. Elle n’a pu mener à terme la contestation du testament de son père qui  fait en sorte que la famille Sampas a hérité des biens de Jack Kerouac.

     

    - Son troisième mariage, en 1966, fut avec Stella Sampas, sœur d'un ami d’enfance tué en Europe au cours de la seconde guerre mondiale.

     Stella Sampas 

     

       Stella Sampas

     

     

     

     

     

     

     banniere-2

    Après bien des remaniements, le roman est publié en septembre 1957.

    Le succès est foudroyant.

     Le New York Time écrira :


    "Le livre est une œuvre d'art authentique, un roman majeur" et qualifie sa publication "d'évènement historique".

    "Comment vivre devient alors plus crucial que pourquoi vivre."

     

    D'autres comme le New York World-Telegram dira que :

    "Kerouac traine la cloche depuis 6 ans. Ses personnages sont pleurnichards, sont des paumés qui ont besoin d'un bon coup de pied aux fesses."

     

    Mais les réimpressions se multiplient.

    En 1958 deux universités l'on déjà inscrit à leur programme de littérature moderne.

     

    Jack Kerouac vivra très mal ce succès avec l'impression que personne n'a compris véritablement le sens de son livre et qu'on le prend  simplement pour "le roi des beatniks."

    Ce sera  pour lui un "succès calamiteux"

     

     Jack Kerouac avait alors écrit dans une lettre :

     

                                                       «Trop d’adulation est pire que l’indifférence»

     

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