• Bouddhas et rôdeurs-chap. 2

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     B O U D D H A S  E T  R Ô D E U R S    S U R    L A    R O U T E    D E    L A    S O I E 

    chap. 2 :  les manuscrits  de Touen-houang

     

      

     Dans ce deuxième chapitre, nous allons nous intéresser à un autre personnage chinois : Wang Yuan-lù appelé l'abbé Wang   Il tient une place essentielle dans le livre. 

    Touen-houang  est une ville de près de 200 000 habitants, dans le désert de Gobi. En 1900 ce n'était qu'une étape sur la route de la soie. La dernière ville avant la traversée du désert.

     

     

     Bouddhas et rôdeurs-chap. 2       

      A partir du IVème siècle, des moines bouddhistes commencèrent à y creuser des grottes et à les décorer de peintures pour en faire des lieux de prières.

     

    On les appelle :"les grottes des mille Bouddhas"

       fresque d'une grotte de Touen-houang

     

    Les voyageurs, de passage sur la route de la soie, faisaient également creuser et décorer des grottes, pour s'attirer les bonnes grâces du Bouddha.

     Le site est gigantesque. Plus de 1000 grottes furent ainsi creusées et décorées, sur une surface de 42 000 m². Dans une de ces grottes, les moines avaient construit une petite salle de 3m x 3m et, au fil du temps, y avaient entassé  des milliers de manuscrits.

    Puis, vers l'an 1000 la salle fut murée, le mur couvert de plâtre et peint.

    La petite salle aux manuscrits fut oubliée.

     

     

    L'abbé Wang était un prêtre taoïste, le gardien de ces temples. Il avait entrepris, avec peu de moyens, la restauration des peintures. En 1900, il découvrit accidentellement la fameuse petite salle aux 50 000 manuscrits, mais inconscient de leur valeur, il se contentait d'en offrir parfois aux responsables locaux et aux voyageurs de passage pour obtenir quelques aides pour ses restaurations.

    En 1904, les autorités chinoises ordonnèrent, pour préserver ces documents de murer de nouveau la petite salle et l'abbé Wang fut chargé de la garde de ces trésors.

    Mais il était trop tard.

    Des rumeurs circulaient déjà en occident sur l'existence de fabuleux manuscrits au delà du désert de Takla-Makan. Les explorateurs et les archéologues commencèrent à préparer leurs valises.

    Et c'est là que nous retrouvons notre "Gros malin", l'infatigable. Lui aussi se préparait. C'était sa deuxième expédition.

     

    Bouddhas et rôdeurs-chap. 2

                       

    Après avoir franchi un col à plus de 6000 mètres, parcouru des centaines de kilomètres dans les déserts, il arrive à Touen-Houang
    le 12 mars 1907.
     

     

    À une vingtaine de kilomètres se trouvent les grottes et l'abbé Wang, gardien du trésor.

    Mais, quand il arrive sur place, le prêtre est en voyage. Dans le mur qui fermait la grotte aux manuscrits, une porte, fermée à clef, avait été aménagée. Un autre prêtre, qui se trouvait là lui montre un manuscrit, un rouleau de 14 mètres écrit en chinois. L'excitation de "Gros malin" était à son comble. Pour remercier ce prêtre il ne lui donna qu'une petite pièce, ne voulant pas montrer son immense intérêt, mais ce petit présent avait plu au prêtre.

    En voilà un qui lui était acquis.

     

     Bouddhas et rôdeurs-chap. 2          

    L'abbé Wang arrive enfin.

     

    "C'était un personnage curieux, qui semblait extrêmement timide et inquiet ayant parfois une expression rusée qui était loin d'être encourageante" écrira "gros malin"

     

     

     "Gros malin" devait jouer serré pour obtenir ce qu'il voulait.

    Il ne lui parla pas des manuscrits : il était là, juste pour photographier les fresques.

    Des bruits circulaient que les autorités chinoises voulaient rapatrier tous les manuscrits. Il fallait faire vite, sans presser le gardien. Après quelques jours, il demanda à voir seulement les manuscrits et lui fit espérer qu'il pourrait l'aider financièrement à restaurer les fresques sur lesquelles il travaillait avec tant de zèle.

    Puis il demanda à voir son œuvre de restauration, ce que Wang accepta volontiers, heureux et fier que l'étranger s'intéresse à son travail.

    Comment se faire un grand ami du prêtre Wang ?

     

    Hsuan-Tsang était un moine bouddhiste chinois du  7ème siècle. Il avait voyagé de nombreuses années en Inde et vers l'occident, traduisant les textes bouddhiques anciens. Il écrira un livre remarquable sur ses voyages.

     

    "Gros malin" qui avait fait de sérieuses études, appris d'abord le grec et le latin, étudié le Sanscrit, l'ancienne langue indienne vouait une grande admiration pour ce moine. Quand il apprit que Hsuan-Tsang était le saint patron de l'abbé Wang, il comprit qu'il allait gagner. En effet le petit prêtre fut charmé et flatté d'apprendre que l'étranger ait la même vénération que lui pour son saint patron. "Gros malin" lui raconte alors que son voyage, il le fait sur les pas de Hsuan-Tsang, parcourant les mêmes lieux que lui, visitant les mêmes sanctuaires. L'abbé Wang était aux anges, (ce qui n'est pas banal pour un bouddhiste).

    Il emmena "Gros malin" dans les grottes, lui expliquant le sens des fresques.

    Une de ces fresques l'intéressa plus particulièrement. On y voyait Hsuan-Tsang traversant une rivière avec une mule chargée de manuscrits qu'il ramenait de l'Inde, pour les préserver.

    "Gros malin" pensa que c'était exactement ce que lui voulait faire : charger les manuscrits et les envoyer dans un musée, en occident.  

    Wang cependant hésitait encore. "Gros malin" attendait.

    Une nuit, Wang entre dans la tente de "Gros malin" et lui montre quelques rouleaux manuscrits qu'il avait extraits de la grotte. "Gros malin" retint son souffle pendant que Wang lui expliquait qu'il les emmenait pour les traduire. A l'aube, tout excité, Wang revient dans la tente de "gros malin" et lui confie que parmi ces rouleaux, il y en avait un de Hsuan-Tsang, lui-même.

    C'était un présage, un message divin.

    Le moine bouddhiste du VIème siècle avait ramené des manuscrits de l'Inde, pour les préserver, et "Gros malin" devait remporter les manuscrits vers l'occident, de là où ils étaient venus.

    La partie était gagnée.

    Quelques heures après, la porte était ouverte et "Gros malin" entrait dans la bibliothèque fabuleuse.

    Il fut bouleversé.

     

     Bouddhas et rôdeurs-chap. 2            Les manuscrits, en soie et en papier, étaient entassés jusqu'au plafond. Des dizaines de milliers de manuscrits. De plus, ils étaient en excellent état, comme neufs. La sécheresse du désert les avait préservés.

     

     

    Chaque nuit, l'abbé Wang apportait dans la tente de "Gros malin" des paquets de manuscrits. Il avait accepté de les céder en échange d'un don (130 livres sterling)

     

    "Gros malin" emporta 24 caisses contenant 20 000 manuscrits.          

                                

     Bouddhas et rôdeurs-chap. 2

     

    Pour la grande histoire, l'archéologue  français Paul Pelliot arriva à Touen-Houang quelques mois plus tard. Il accéda plus facilement que "Gros malin" à la grotte aux manuscrits. Connaissant parfaitement la langue chinoise (il parlait 13 langues), il prit le temps de sélectionner les meilleurs ouvrages et repartit avec 10 000 manuscrits qui sont actuellement à la Bibliothèque Nationale de France.

     

             Les principaux rôdeurs de ce livre sont : 

     

     Svein Hedin – suédois

    Archéologue et explorateur il fut le premier en 1899 à fouiller les citées ensablées du désert de Takla-Makan.

     

    Aurel Stein : britannique

    C'est lui le "Gros malin" Il entreprit plusieurs expéditions dans le désert de Takla-Makan en 1900, 1903, 1916 et 1930. Voyageur infatigable, il frôla plusieurs fois la mort. Dans la cordillère du Kun Lun entre la chine et l'inde il eut les pieds gelés. Il fut anobli.

     

    Albert Von le coq : Allemand

    Nommé provisoirement chef d'expédition en 1904, il ramena plus de 360 kg de fresques et de statues.

     

    Paul Pelliot : Français

    Il est né en 1878 et possédait un fort caractère. Il ramena des grottes de Touen-houang, outre les manuscrits, des peintures, des sculptures, des tissus et des figurines en bois et en terres cuites. Après son passage à Touen-houang, les chinois rapatrièrent le reste des manuscrits.

     

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