• les haricots

     

     

     En 1940 Marcel a 23 ans. Il est appelé pour aller travailler en Allemagne. Déjà, à cet âge, il n’aimait pas qu’on le contraigne et naturellement, il a refusé de s’y rendre. Recherché par les gendarmes, il doit se cacher. Il quitte son domicile et se réfugie à Saint Quentin, chez une tante.

    Là il trouve à s’employer dans une ferme, à Itancourt.

    De ce passage dans cette ferme, il gardera un souvenir fort, très fort. C’est une étape de sa vie qui le marque profondément, tant il y a vécu des jours heureux.

    Aujourd’hui, encore, il en parle souvent.    

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     Y a min cousin qui étot venu pour passer … comment qu’on appelle : l’conseil de réforme. Et il est venu à m’maison, à Mons en Baroeul. Il est v’nu voir mes parents, parce qu’il connaissait bien mes parents et j’ai parti avec lui à Saint Quentin. Et j’ai logé chez m’tante.

     Après j’ai travaillé dans une ferme, à Itancourt. Itancourt y était à 8 ou 10 kilomètres de, où  qu’j’habitais, où m’tante elle habitait.

     Tous les matins j’faisais 8 à 10 kilomètres, à pied. Après, rev’nir : 10 kilomètres. Et là, y avot que l’dimanche que j’travaillais pas Et à l’ferme là c’étot tous les jours, et après fallot aller dans les champs.

     J’ m’en  rappelle toudis (toujours): j’arrivais du samedi et j’ai commencé du lundi, eune paire de jour après que j’avos débarqué à Saint Quentin. Et min cousin m’avot trouvé  un poste là,  un ferrmier d’Itencourt.

     

     Et j’étos en train d’arracher les haricots, défaire les haricots pour les mettre en bottes. Et y a passé trois avions.

     J’étos content !

    Trois avions !

    Ca fait quelque chose !

    C’jour là, c’était l’seize septembre, et c’étot m’n’anniversaire :16 septembre 1943, quant ils ont passé. Et j’arrachais des haricots.

     Quelle mémoire ! 

    Ça reste te sais ces trucs là.

    J’me rappelles même  : l’patron y r’ vient avec sin chariot, sin tombereau, ch’étot des tombereaux qu’on appelait, pour mettre les haricots.  Pis, y m’dit : « monte d’ssus ». Et pis j’étot monté sur le chariot : l’cheval  devant mi.  Y m’ lance l’ ficelle pour conduire, et maintenant y m’dit : « conduit ».

    J’avos jamais conduit d’ cheval. !

    L’cheval y est parti tout seul. Il connaissait la route.

    J’ n’ai vu deux comme ça d’ cheval : ch’ tdi de l’ ferme à Itancourt et un de l’aut ‘ferme : la grande Nina. Elle avot 20 ans passés. Quel cheval ! Un grand, un long ch’ val ! Quel costaud ! Eune jument : Nina qu’elle s’appelait.

     

      Quand ils ont ensemencé les blés, ils ont mis l’blé, et entre les lignes y mettaient des graines de….. comment qu’on appelle…., comme du trèfle.

    Comme cha, après qui coupaient l’blé, l’trèfle y montait. Alors y fallait aller l’couper. Et avec un tombereau te l’ramenait.

    L’patron y m’envoyot toudis l’chercher. J’disot : « j’prend Nina ». Et pourtant j’ commençais déjà à savoir conduire. Elle rev’nait. Elle connaissait la route. Et pourtant pour r’ tourner à l’ferme, ch’ étot  eune route nationale. Mais elle connaissot.

     Y avait deux ou trois cents mètres avant de retomber sur eune descente pour aller à l’ferme.

    Elle connaissot bien la route hein !

     

    SACRÉ MARCEL !

     

     

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