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les îles Uros
Aujourd’hui nous partons en bateau pour les îles UROS
Les îles UROS sont des îles flottantes construites avec une espèce de roseau, le « totora ».
A l’origine, le terme UROS désignait un peuple qui vivait près du lac Titicaca. Quand les incas ont envahi leurs territoires, au XIVèmè siècle, ils se sont réfugiés sur des îles qu’ils ont construites en roseaux.
Puis les UROS se sont intégrés et fondus dans le peuple AYMARA qui occupait la région depuis 2 000 ans.
Ce sont ces Aymaras qui vivent actuellement sur ces îles flottantes qui portent toujours le nom d’UROS.
Il y a plusieurs groupes d’îles flottantes sur le lac. Les plus visitées se trouvent près de la grande ville de PUNO. Le développement incontrôlé du tourisme a dénaturé ces communautés qui vivent maintenant en ville et ne viennent sur les îles que la journée, le temps d’accueillir les touristes et vendre des « souvenirs »
De Capachica, notre lieu d’hébergement, nous allons visiter les îles « Titino ». Un des groupes d’îles encore habitées en permanence, que les Aymaras occupent depuis des siècles.
Après 30 minutes en bateau, nous arrivons aux
Îles Uros. Elles sont situées dans une zone d’eau
peu profonde, couverte de roseaux (totoras).
5 îles distantes d’une centaine de mètres forment la communauté.
Sur l’île Titino une dizaine d’habitants nous attendent et nous font signe. Nous abordons et le contact avec le « sol » est assez déroutant. Il nous semble marcher sur une immense éponge. C’est mou, c’est flasque mais on ne s’enfonce heureusement pas.
Adolfo nous reçoit. C’est le président élu de la communauté. Il est désigné pour un an. Cette fonction est attribuée à chacun, homme et femme, à tour de rôle.
Adolfo a opté pour la tenue « de ville »,
tenue sport : pantalon de survêtement
et chandail.Autour de lui, 4 femmes et des enfants,
un tout jeune garçon bien emmitouflé
et une fillette d’une dizaine d’année.
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Les femmes portent le costume traditionnel,
très coloréEn fin de matinée, elles nous proposeront des articles pour touristes : cotonnades et objets en roseaux.
L’accueil des touristes a lieu 1 jour par semaine, dans chacune des îles, à tour de rôle.
Adolfo nous donnera toutes les explications en même temps qu’il utilisera les matériaux de construction.
L’île mesure moins de 100 m² et 5 familles y vivent, soit 22 personnes.
Déjà ces chiffres nous impressionnent. 22 personnes sur 100m², 24 heures sur 24 sans la possibilité de marcher « normalement », encore moins de courir.
Adolfo nous explique comment ils construisent une île.
D’abord une bonne base faite de racines de totora
d’un mètre d’épaisseur.
Les roseaux sont d'abord coupés à 30 cm puis les racines
sont découpées, aujourd’hui avec la grande scie
de bucheron qui a remplacé l’antique pieu.Une fois coupés, les blocs de racines remontent naturellement à la surface. Ils sont alors fixés ensemble avec des cordes achetées en ville, plus résistantes que les anciennes lanières de roseaux tressés. Cette plateforme est maintenue en place à l’aide de longs pieux d’eucalyptus plantés dans le lac. Ceci pour éviter la dérive. A cet endroit l’eau du lac ne dépasse pas 1,50 mètre.
Puis le sol est recouvert de 80 cm de totoras,
par couches entrecroisées.
Enfin le sol est tassé avec les pieds. A l'endroit où seront posées les habitations, le sol est recouvert de roseaux plus fins.
Il faut ajouter régulièrement des roseaux en surface car la partie dans l’eau pourrit et l'île s'affaisse.
Les maisons (les huttes) sont également construites
en totora. Elles sont rectangulaires avec
un double toit en pente. Elles font à peine 10 m².
Autrefois, le sol était recouvert de roseaux fins,
pour un relatif confort. Cette « couche » qui pourrissait
vite devait être remplacée après 1 ou 2 ans.
Les îliens soulevaient alors la hutte, la posaient plus loin
le temps de reconstituer la couche de roseaux fins,
puis la redéposaient à sa place.Il faut un an pour construire une île.
En assurant ces soins constants, elle dure 30 à 40 ans. Il se peut aussi, quand la famille s’agrandit qu’il faille en construire une nouvelle.
La maison où nous sommes entrés possédait un plancher qui assurait une durée de vie bien plus longue. L’intérieur est très encombré : deux lits faits de couvertures posées à même le sol, un pour les parents, un pour les enfants. Les vêtements sont accrochés aux murs ou déposés sur le sol. Quelques ustensiles de cuisine sont entassés dans un coin. Il n’y a pas de fenêtre, juste une porte en bois, mal jointe, et à près de 4000 mètres, la température est basse. Il y fait froid, très froid en hiver. Ces maisons durent 10 à 15 ans.
A d’autres endroits, que nous avons visités, l’eau est potable et notre guide a bu devant nous un grand verre d’eau puisée dans le lac.
Il y a également, sur l’île, des panneaux solaires qui diffusent le soir une faible lueur.
La nourriture est locale : des poissons, des oiseaux, des œufs. Chaque jour les hommes vont à la pêche ou à la chasse. Ils pêchent au filet et attrapent des petits poissons qu’ils appellent « karaki ». Il y a aussi des truites, réputées, et des perches qui peuvent atteindre 70 cm.
Adolfo nous emmène dans la grande barque en roseau, avec une proue élevée qui fait penser à un drakkar et dont le sommet représente une tête de puma, animal symbolique de la culture Aymara.
Selon la légende, après le grand déluge, les pumas qui avaient exterminé tous les humains furent changés en pierre.
Le nom Titicaca signifie en langue Aymara : roc du puma.
Ces grandes barques ne servent plus maintenant qu’à promener les touristes. Quelques îliens possèdent une barque à moteur.
La petite fille nous accompagne. Les distractions sont rares pour les enfants. Ils jouent à la balle mais ne connaissent pas les « rollers »
Chaque matin ils se rendent, certains seuls en barque, à l’école construite sur une île proche.
vidéo youtube : les enfants des îles Uros à l’école
https://www.youtube.com/watch?v=Rh9KWb1ZQFk
Adolfo relève des filets où quelques petits poissons sont pris.
Il nous montre comment couper les roseaux avec un outil rudimentaire, fait d’une lame de couteau fixée perpendiculairement à l’extrémité d’un bâton. C’est un outil simple mais efficace.
En tirant à la main sur le roseau, on dégage la partie blanchâtre reliée aux racines. Cette partie comestible s’épluche comme une banane. C’est tendre et sans saveur.
Nous passerons plusieurs heures sur cette île, et aux alentours.
C’était il y a quelques mois et aujourd’hui encore, nous avons du mal à imaginer ces personnes prisonnières volontaires d’un horizon immuable sur une terre artificielle, une pièce de roseaux fragiles.
Même les changements spectaculaires des modes de vie qui se sont accélérés partout dans le monde depuis cent ans ont épargné ces communautés Aymaras. Ils ont fait quelques concessions à la modernité sans renoncer à leurs traditions.
Il semble que le temps se soit arrêté à la surface du lac Titicaca.
Depuis 5 siècles.
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Tags : perou, uros, aymara, totora, capachica, titino, karaki, bolivie, titicaca
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Commentaires
Очень интересно! Спасибо, Микки! Я так много узнал из твоих историй, а ты отличный рассказчик.